« Une nouvelle tempête tropicale est annoncée. Il y a déjà beaucoup de vent au nord d’Isabel…. on n’a plus que 500 dollars des solomons (45€), plus d’essence et nous avons plus de 200 miles à faire pour rentrer à Honiara!
Du coup on part tôt le matin, on traverse un canal nord vers le sud d’Isabel, c’est si sauvage…il n’y a personne… En arrivant à la sortie, on se fait surprendre par un grain qui descend de la montage… Le venr souffle à plus de 40 nœuds ! Des bourrasques de pluie hallucinantes, de quoi bien stresser pour la longue nav qui nous attends…
Le vent nous vient de l’arrière, on tire des bords de largue pour essayer de descendre au vent plus vite… mais les grains s’enchaînent vite, et c’est très dur de sentir le vent forcir… 1 ris, 2ris, presque plus de foc… Puis à nouveau pétole. On sort le spi…mais ça forci à nouveau…tellement qu’on fini plusieurs fois face au vent, au moteur, à attendre que le grain passe, en serrant les fesses dans la houle de vent qui se forme très vite. Il y a plus de 2000 mètres de fond en dessous de nous. Ça dure 3 jours, on dort au mouillage, sous la pluie, dans de petites baies. La nav de nuit nous fait trop peur à cause du vent et des « ofni » : beaucoup de troncs d’arbre flottent entre 2 eaux. D’ailleurs, l’eau est trouble et il y a moins de poissons, à cause du « logging »: la montage et la foret sont défigurées à cause de la coupe sauvage du bois. Quelques gros cargos attendent les troncs, puis partent directement en Malaisie pour les revendre sur le marché international.
On sortira quand même quelques thons et un joli maquereau de presque 1m… avec 2 ris en pleine tempête!
Un matin, après quelques heures de nav, le moulinets s’emballe, nono se jette sur la cane, sûrement une belle bête ! Après quelques minutes de combat, nous apercevons un truc orange au bout de la ligne? C’est en voyant l’étiquette « oxbow » que nono comprend et regarde son fils a linge de fortune… » oh non, j’ai perdu tous mes fringues à l’eau!!! »
En arrivant au sud-ouest de Santa Isabel nous empruntons le « barravale passage » sorte de canal entre 2 montages… pour arriver dans la « 1000 ship bay » où le portugais Mendana est arrivé avec sa flotte de missionnaires. La plupart d’entre eux se sont fait manger par les « coupeurs de tête » locaux, qui raffolaient de viande blanche! Nous on s’est fait surprendre par un grain, à la tombée de la nuit. On s’est réfugié comme on pouvait dans la mangrove… sans rien à manger. A chaque fois qu’ Ewen lançait sont leurre, il ramenait un… requin! Le lendemain on a donc dépensé nos derniers dollars pour un peu d’essence et quelques biscuits, pour entamer la traversée vers les îles Tugalhi… Toujours rock ‘n roll, un peu moins de grains, mais énormément de courant, avec des cailloux à fleur d’eau…et encore une fois : pas indiqués sur les cartes.
En arrivant dans les Tugalhi, nous sommes tombés sur une superbe longue gauche, avec des raies manta et des thons un peu partout….sauf que le courant était infernal : on a fait plus de 9 noeuds au moteur avec gwalaz dans la passe! Ewen et Aurel on ramé pendant 2 heures pour essayer d’attendre le pic, pour seulement 2 vagues surfées!
Le lendemain nous avons fini la boucle vers Honiara, avec toujours une mer agitée, mais 7-8 nœuds au large, au top !
Depuis 3 jours nous avons nettoyé, plié et rangé Gwalaz dans son container… fait le tour des réception d’hôtel pour raconter notre périple. Nous avons même eu l’honneur d’avoir un article dans le « Solomon star », le quotidien des Salomon. Nous avons des plaies énormes et infectées sur le bas des jambes qui ne veulent pas cicatriser… A part ça tout va, sauf qu’on a tous les 3 choper la crève à cause de la clim!! Qu’est-ce que ça va être de retour en Bretagne..? «