« Après plusieurs jours isolés, nous avons fait route vers Kia. C’est le plus gros village du coin donc on y est allé pour se ravitailler. Kia se trouve au milieu d’un bras de mer qui fait la jonction entre la côte Nord et la côte Sud de Santa Isabel, entre le Pacifique et la mer des Salomon. C’est un peu le « raz de Sein » du quartier. Il y a énormément de courant, des gros tourbillons et des passages de récifs qui sont à fleur d’eau. C’était sport, mais on a quand même réussit à remonter le tout à la voile ! Nous avons fait le tour du village, pour ramener quelques ananas et quelques bières, dégotées à l’unique bottleshop de l’île. C’était un peu la déception pour un soir de réveillon. Nous rêvions de légumes et de poisson frais.
Heureusement, nous avons trouvé par hasard une super vague au détour d’un coin de récif. La « droite » était régulière, sans eau, et tubait presque à chaque fois. Ewen et Aurélien se sont bien gavés. On a ainsi choisi d’installer notre camp sur l’île attenante à la vague. Ce n’était pas évident de trouver l’endroit propice au campement. L’île, sans doutes sous l’effet du réchauffement climatique, est en train de disparaître. Ici la marée recouvre presque toute l’île et les endroits secs deviennent rares. On nous a expliqué qu’en plus, de novembre à avril, il n’y a que des grandes marées… beaucoup plus grandes que le reste de l’année. On a pu le constater à marée haute, quand les arbres, presque centenaires se faisaient engloutir par la mer. On a dû construire des barrages tout autour de notre tente pour limiter le passage de l’eau. Nous avons également eu beaucoup de pluie, on se serait cru dans un remake de Des-Iles-Usions. Mais, ça tombait à pic, nous étions à sec et nous avons pu refaire le plein d’eau ! Par contre, les panneaux solaires continuent de prendre cher. Le sel et l’humidité rongent doucement les câbles.
Ici, il n’y a plus beaucoup de poissons, nos sessions de pêche en stand-up-paddle étaient chouette mais très maigres. Nous nous sommes toutefois offert, pour le nouvel an, un peu de riz et une boîte de thon « de survie » que nous avions acheté au début du trip.
Après ces quelques jours, nous sommes repartis toujours plus à l’Ouest. Nous avions pour idée de rejoindre une île entourée de récif qui paraissait très prometteuse, pour le surf, sur les cartes. Mais arrivés sur place, la montée des eaux avait déjà englouti toute l’île. Il n’y avait plus rien du tout, il restait peut-être un ou deux troncs d’arbres qui dépassaient. Par contre, la vague n’était pas mal du tout et on a fait quelques sessions là-bas.
Puis on a levé l’ancre pour continuer vers l’ouest où nous avons trouvé une autre île et une autre vague. Celle-ci était plus courte mais elle déroulait tout près du bord et proche de notre mouillage,,, qui était complètement dingue. La faim a fini par nous rappeler à l’ordre et nous avons dû traverser toute l’île de Santa Isabel et ses magnifiques récifs pour gagner le village le plus proche.
C’est ainsi que nous avons atteint Ricamaka. Seules 2-3 familles y vivent. Et pour cette vingtaine de personnes, il y une énorme église qui prend vraiment la moitié de l’île et qui a été construite par le mouvement protestant « Seven Heaven Peace ». On a passé une journée entière et une nuit avec eux : on a réussi à acheter 7 petits marrons ! » Ronan.
Aurel, Ewen et Ronan descendent à présent tranquillement vers le sud. Le mauvais temps les empêche de progresser à hauteur de ce qu’il faudrait pour être atteindre le spot au bon moment…